L’essor d’une nouvelle expression artistique Si aux États-Unis l'art a tendance à passer au second plan, l'Europe, elle, lui fait la part belle. Influencée par la richesse de l'art dramatique local, la production cinématographique danoise propose des films dont la plupart possèdent, et ce probablement pour la première fois dans l'histoire du septième art, une véritable ambition intellectuelle. Bien qu'ils n'aient pu s’appuyer que sur le langage des images, les cinéastes à l'origine de ces mises en scène se sont attachés à travailler la psychologie de leurs personnages, et peuvent, pour cela, être considérés comme les pionniers d'un genre à part entière, généralement appelé "film d'auteur", dont l'Europe est aujourd'hui, et depuis plusieurs décennies déjà, l'un des principaux foyers. Sur les écrans scandinaves, l'actrice la plus célèbre à cette époque est Asta Nielsen, qui joua entre autres dans
L’Abîme, réalisé par Urban Gad en 1910, puis, deux ans plus tard, toujours sous la direction du même metteur en scène, elle apparaît dans
La Danse de mort.
Asta Nielsen et Urban Gad, en 1912 Au même moment, en France, le cinéma, autrefois destiné à la clientèle des foires et des fêtes foraines, s’installe peu à peu sur les boulevards, et, avec des films comme
L’Assassinat du duc de Guise, réalisé par les comédiens et les auteurs de la Comédie-Française en 1908, il se montre sous un nouveau jour. C'est l'époque où, l'atmosphère étant propice à leur émergence ; naissent des entreprises telles que Les Films d'art, créée par les frères Lafitte, et la Société Cinématographique des auteurs et gens de lettre, fondée par Charles Pathé. Au cours de ces années, les spectateurs découvrent, sur les écrans, Sarah Bernhardt interprétant, avec talent, la reine Elisabeth. Victorin Jasset, lui, continue à réaliser, en collaboration avec la maison de production Eclair, un film policier à épisodes intitulé
Les Exploits de Nick Carter. Quant à Léon Gaumont, il lance, à partir de 1913, la production des séries de
Fantômas, puis en 1915,
Les vampires, toujours réalisé par Louis Feuillade.
De l'autre côté des Alpes, les cinéastes italiens choisissent, eux aussi, de mettre l'art au premier plan, et, en lien avec la tradition spectaculaire de leur pays, signent des mises en scène monumentales, dignes des prestigieux décors de l'opéra. Ainsi, Luigi Maggi tourne, en 1909, une grande fresque antique, qu'il intitule
Les Derniers jours de Pompéi. Puis, trois ans plus tard, c'est au tour d'Enrico Guazzoni de réaliser
Quo Vadis. Mais c'est en 1913 que le film le plus marquant de cette époque est dévoilé sur les écrans. Après un tournage impressionnant, Giovanni Pastrone présente en effet, sur un scénario de Gabriele D'Annunzio, le célèbre
Cabiria, pour lequel plusieurs techniciens ont dû s'embarquer dans des ballons dirigeables, la caméra sur l'épaule, afin de donner l'illusion qu'un esclave géant déplace les montagnes. C'est à partir de cette mise en scène, qui fera le tour du monde, que l'on peut véritablement parler de la naissance d'un nouveau genre, désormais couramment appelé "péplum", qui mêle le divertissement des courses de chars, la débauche des orgies impériales, et le spectacle des chrétiens livrés aux lions.
Quo Vadis (1913) source : http://www.citecinema.com/Plan-Du-Site/Plan-Du-Site.htm